Traumatismes et résilience

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J’aurais pu ne rien dire et me cacher mais il était pour moi temps d’être cohérente avec mon métier de thérapeute.

Je suis atteinte du trouble dissociatif de l’identité ou TDI (anciennement appelé : trouble de la personnalité multiple). Malgré ce handicap, j’ai été successivement aide-soignante, infirmière, enseignante et aujourd’hui j’ai un cabinet de consultation thérapeutique où je reçois des personnes souvent en détresse psychique.

Cependant, je me suis aperçue très rapidement de mon incohérence : comment accompagner des personnes à oser être soi dans le monde alors que je me cachais moi-même ?

Je me devais d’incarner ce que je disais : faisant face à la peur, la honte et la stigmatisation. Le chemin vers la réelle acceptation de soi demande de traverser ces couches-là.

Le trouble avec lequel je suis est un « handicap super pouvoir » résultant de traumatismes de l’enfance. En moi, plusieurs identités cohabitent mais je suis la seule identité « thérapeute ». C’est une richesse, issue d’une stratégie puissante du cerveau pour survivre. Les personnes que j’accompagne sont au courant et ressentent ma pleine présence à eux durant leur propre thérapie.

Je fonctionne GRACE à ça.

Résilience : forces multiples et multipliées issues de blessures.

« Du chaos naissent les étoiles »

Ce trouble « psy » que je préfère nommer « rapport au monde », je le mets aujourd’hui au service de la vie, et de mon métier avec droiture, déontologie et éthique.

J’accompagne des personnes, des groupes (en atelier et même en prison). La force de la vulnérabilité et le pouvoir de l’authenticité sont deux choses auxquelles je crois profondément.

Cette démarche d’assumer ce métier : thérapeute avec cette atypie, va en ce sens. D’où ma récente sortie de l’ombre médiatique… : ici.

La psychiatrie a encore des progrès à faire et doit aujourd’hui faire un virage conséquent : car même si la connaissance intellectuelle est importante, elle ne doit pas « étiqueter » les personnes mais plutôt leur permettre d’être un contenant pour que ces même patients puissent offrir leur beauté au monde par leur connaissance intime d’une expérience interne.

La société, par son système médical obsolète à certains endroits, a été bercée par cette croyance qu’un cerveau qui fonctionne différemment est anormal alors qu’il est riche d’enseignements.

Nous avons un corps physique différent de tous les autres sur cette Terre alors pourquoi en serait-il autrement pour notre cerveau ?

Le TDI est ce que je nomme le « SIDA de la psychiatrie » : comme à l’époque cette maladie rejetée, salie, attaquée et finira par être acceptée, mais nous n’y sommes pas encore. Je compte participer à cela, apportant ma pierre le temps de cette vie.

Aujourd’hui je suis thérapeute, avec un TDI, et surtout surtout, avec le sentiment profond que l’être humain, s’il ose être pleinement lui, peut amener au monde sa richesse, sa beauté et participer à un monde meilleur, agréable, aimant.

L’acceptation comme clé, et l’amour pour y cheminer.

Merci à tous ceux qui m’ont apporté et m’apportent encore l’amour sur ce chemin : mes amis, la famille, mes thérapeutes, mes collègues, collaborateurs, écrivains, les personnes atteintes, mes propres patients, mes formateurs, mon superviseur, à ceux qui déjà en parlent et le vivent. A ceux qui me lisent aussi. Merci à mes autres identités dont l’appui m’est si précieux.

 

Emilie.

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